Anne Collod est membre fondatrice du collectif Dingdingdong et créatrice du département danse et chorégraphie de l’institut.
Pour DDD, elle collabore notamment à la réalisation de la performance pluridisciplinaire Bons baisers de Huntingtonland. Elle a réalisé À D., le portrait chorégraphique d’une personne porteuse de la maladie de Huntington, et qui a développé une chorée flamboyante. Anne Collod a travaillé avec D. dans son propre appartement ainsi qu’en studio, en utilisant la méthode de notation Laban pour transcrire, en langage chorégraphique, les nuances uniques de la chorée de D.
Devant un écran où est projetée une image ralentie de la silhouette de D., elle interprète un duo en exacte synchronisation avec lui, avant de déborder vers l’improvisation. Commence alors une espèce de rituel énergique, une forme de transe par laquelle la danseuse, guidée par D., s’initie à quelque chose de secret, de puissant, et de profondément vivant – autant vis à vis de la maladie que vis à vis de la création et de la danse.
Ce solo/duo fait de la danse et de la chorégraphie un dispositif d’expérimentation et d’apprentissage qui enquête sur les mouvements du corps involontaires constituant l’un des symptômes majeurs de la maladie de Huntington – jusqu’il y a peu appelée Chorée de Huntington. Ce faisant, il s’agit aussi d’explorer les contributions que la maladie de Huntington – maladie du mouvement et de la danse par excellence – pourraient apporter à la danse contemporaine.
Le collectif Dingdingdong
Dingdingdong – « un différent son de cloche » – est un groupe de travail multidisciplinaire constitué de personnes concernées par la maladie de Huntington, proches ou malades, artistes plasticien·nes, vidéastes, danseur·euses/chorégraphes, écrivain·es, médecins, chercheur·ses en sciences humaines (philosophes, historien·nes, anthropologues, juristes…) engagés dans le projet de créer et de transmettre un type de savoir totalement inédit sur la maladie de Huntington[La maladie de Huntington est une maladie génétique, rare et incurable, qui provoque une dégénérescence cognitive, motrice et psychiatrique, entraînant la perte progressive de l’autonomie et la mort (suivant une évolution qui ne peut pas être connue à l’avance et qui dépend des malades). Un test génétique permet à ce jour de prédire avec certitude chez les personnes à-risque si elles développeront ou non cette maladie. Pour les enjeux éthiques contemporains liés à cette maladie, voir Le manifeste de dingdingdong, Dingdingdong Editions, Paris, 2013.]. Ce faisant, notre première préoccupation est d’explorer et de faire partager les perspectives de ceux que nous appelons les Huntingtoniens : malades bien sûr, mais aussi personnes dites à risque, porteurs du gène, proches, aidants, soignants qui doivent composer quotidiennement avec cette maladie si énigmatique et pour l’instant incurable.
L’ambition de Dingdingdong est d’inspirer, non seulement à l’adresse des Huntingtoniens mais aussi de tout un chacun, des manières de transformer l’expérience de la maladie en une occasion de pensée, de joie et de vie. Pour y parvenir, l’équipe de Dingdingdong s’embarque dans une espèce d’expédition qui vise l’exploration des régions encore inconnues de la maladie de Huntington, afin d’initier des manières inédites et prospères de faire avec ce qu’elle abrite de mystérieux et de potentiellement redoutable : ses formes d’altérité absolues.
Pour parvenir à opposer des contrevoies à la hauteur de ce défi, un Institut de recherche est créé : Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington. Chacun de ses départements s’attèle à des chantiers différents, qui s’entre-nourrissent cependant, allant de l’exploration de terrains auprès de malades et de proches ayant développé des modes d’existence harmonieux avec leur Huntington, aux investigations de certaines hypothèses autour du sens de la mutation propre à cette maladie (pour ceux qui la vivent, pour le monde qui les abrite), en passant par des explorations sur ce que cette maladie fait au corps tandis que ce dernier « perd le contrôle », mais semble gagner des compétences mystérieuses, ou encore la mise en œuvre anticipatoire, plantée dans l’avenir, de procédures médicales qui apprendraient à pratiquer la divination sans écraser les modes d’existence certes ultra altérés, mais intéressants et dignes d’être vécus, de ces malades.
Publications :
- Le Manifeste de Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington, précédé de De la chorée de Georges Huntington, traduction inédite en français par Vincent Bergerat, Édition Dingdingdong, Paris, février 2013.
- Anouck Rivières – Portrait Dingdingdong n°1, Alexandra Compain-Tissier (peintures) et Alice Rivières (textes), octobre 2013.
- L’épreuve du savoir – Propositions pour une écologie du diagnostic de Katrin Solhdju, traduit de l’allemand par Anne Le Goff, Édition Dingdingdong, Paris, octobre 2015
Les membres du collectif : Vincent Bergerat (artiste), Liisa Cervières (artiste), Alexandra Compain-Tissier (artiste), Didier Debaise (philosophe), Vinciane Despret (psychologue, philosophe et éthologue), Cassiopée Guitteny (philosophe), Emilie Hache (philosophe), Emilie Hermant (écrivain et fondatrice de Dingdingdong), Bruno Latour (philosophe et sociologue), Anne-Laure Morin (juriste), Valérie Pihet (commissaire de projets sciences/cultures et co-fondatrice de Dingdingdong), Fabien Siouffi (jeux vidéo), Stéphanie Soudrain (artiste), Isabelle Stengers (philosophe), Sophie Toporkoff (artiste et directrice artistique de Dingdingdong), Katia Youssov (neurologue spécialiste de la MH).
Performance :
Bons baisers de Huntingtonland
Conception : Dingdingdong – Institut de coproduction de savoir sur la maladie de Huntington.
Texte : Émilie Hermant
Chorégraphie : Anne Collod
Vidéo : Fabrizio Terranova
Interprètes : Anne Collod, Aurore Déon et Olivier Marboeuf.
Scénographie : Alexis Bertrand.
Dramaturgie : Valérie Pihet
Collaboration artistique : Marie Piemontese.
Accompagnement à la production : Ligne Directe/Judith Martin
Création : Festival Mode d’emploi, Les Subsistances, Lyon, 27-30 novembre 2014.
Durée : 1 heure.
La performance :
Une production Dingdingdong, en coproduction avec Les Subsistances.
Avec le soutien de la Briqueterie/CDC du Val-de-Marne (Vitry).
Bons baisers de Huntingtonland articule trois formes : théâtre, danse et vidéo, afin d’appréhender le phénomène si puissamment hétérogène de la maladie tel qu’il est éprouvé par ceux qui en font l’expérience, dans toute la complexité de ses profondeurs et de ses nuances. Le ton de ce spectacle sera résolument optimiste, tranchant avec le discours habituellement tragique qui est de mise autour de cette maladie - afin d’initier, non sans provocation, le public au principal moteur de Dingdingdong : une fabrique et une mise en œuvre pragmatique de l’espoir.
World Congress on Huntington’s Disease (Rio de Janeiro), 17 septembre 2013 présentation publique d’une première version de Bons baisers de Huntingtonland au congrès mondial sur la maladie de Huntington : From Huntingtonland with Love.
Les Subsistances (Lyon), du 17 au 30 novembre 2014.
La Briqueterie / CDC du Val-de-Marne (Vitry-sur-Seine), 18 et 19 mars 2016